Alors que l’homme blanc dort

crédit photo : Pierre Verdon
Note d’intention

Alors que les nations « du Nord » sont confrontées à une crise identitaire profonde, la recherche des origines prend une résonance particulière à la lumière des vagues d’immigration actuelles. La Musique, à travers le Rythme, la Mélodie et les liens étroits qui les unissent, explore et questionne ces origines communes.

Né d’une rencontre entre un quatuor à cordes et un percussionniste, “Alors que l’homme blanc dort” est un voyage musical qui emmène le spectateur à la source des origines de l’Humanité, à la recherche de ses racines. Par leur désir d’universalité, les compositeurs Bryce Dessner et Kevin Volans sont le fil conducteur de cette fresque musicale mêlant cordes, percussions et sérigraphie, où les protagonistes racontent ces trajectoires liées à la quête des origines, et interrogent le rapport à l’altérité.

Les Oeuvres

  • Bryce Dessner, “Aheym” pour quatuor à cordes – 2009
  • Kevin Volans, “She Who Sleeps With A Small Blanket” pour congaset marimba – 1999
  • Kevin Volans, “White man sleeps” pour quatuor à cordes – 1985
  • Fubasse, « Alors que » pour quatuor à cordes et marimba – 2020 Quatuor liger

Déroulé

Le quatuor de Bryce Dessner, “Aheym” qui signifie “rentrer chez soi” en yiddish, pièce compacte et puissante, ouvre le propos. Dédiée à sa grand-mère juive, le compositeur s’est directement inspiré des mouvements migratoires du peuple juif et de la Shoah. cette oeuvre utilise jusqu’à l’obsession de courtes formules rythmiques, éléments narratifs de cette fuite devant le nazisme.

Les percussions viennent interrompre cette course, et les oeuvres de Kevin volans nous plongent dans un univers aux sonorités africaines. Les cinq danses de “White man sleeps” pour quatuor à cordes, à l’origine pour clavecin, violes de gambes et percussions africaines, sont inspirées de musiques et de danses traditionnelles des peuples d’afrique du sud (venda, san, nyungwe et lesotho). Kevin volans s’élève ici contre la dictature blanche ségrégationniste alors au pouvoir en afrique du sud en faisant entrer en résonance les imaginaires occidentaux et africains en un langage commun et universel. Ces danses alternent avec les mouvements de « She Who Sleeps With A Small Blanket » pour congas et marimba. Le langage minimaliste des deux pièces entremêlées mettent en miroir quatuor à cordes et percussions, engageant un dialogue musical original. Finalement, cordes et percussions se rejoignent dans une dernière oeuvre écrite pour cette fresque (Fubasse), unissant les protagonistes dans un élan musical commun, un moment de création partagée, où la rencontre avec l’autre devient possible.
L’art de la sérigraphie, qui consiste à reproduire un motif par impression sur divers supports, résonne avec le langage répétitif et minimaliste des oeuvres de Kevin volans et Bryce Dessner. Au rythme des cordes et des percussions, la lumière dévoile les motifs imprimés sur de grands tissus noirs, incarnant la répétition du motif, mettant en valeur une scénographie graphique et colorée.

C’est peut-être au milieu du désert du Kalahari que Kevin Volans trouva l’inspiration pour écrire ses oeuvres, là où tout est réduit au strict minimum. C’est peut-être dans ces moments propices à l’écoute et à la réflexion que l’être humain se retrouve plus que jamais face à sa condition, à son environnement et sûrement face à lui-même aussi. Et la musique qui nous fait vibrer est souvent construite à partir d’éléments simples qui nous emportent vers la beauté.

Scénographie et sérigraphie

La scénographie incarne les thématiques fortes des compositeurs, proposant aux spectateurs des jeux graphiques propices à la rêverie. Imprimés en sérigraphie avec de l’encre blanche sur des grands pans de tissus noirs suspendus, les motifs et leurs répétitions évoquent l’écriture musicale au coeur des pièces, et chaque graphisme est une interprétation libre de motifs d’afrique du sud et d’europe du nord, d’époques et d’inspirations diverses. Leur association fait résonner subtilement le langage minimaliste, la confrontation du point et de la ligne, des jeux de contraste et de nuances. Le travail de la lumière contribue à la mise en espace, colorant les différents univers de cette fresque musicale, mettant en évidence sa narration.

Les Interprètes

– Quatuor Liger : Patrick Fevai, violon 1 ; Solenne Guilbert, violon 2 ; Gwenola Morin, alto ; Cédric Forré, violoncelle

– Percussions : Huggo Le Hénan

– Sérigraphie & scénographie : Pierre Verdon, atelier Parades

– Création lumières : Sara Lebreton

– Sonorisation : Olivier Ménard